Musée Rignault Saint-Cirq-Lapopie (Lot) 2001


Marie Laurence LAMY, poète du silence

Que ce soit dans ses portraits ou ses natures mortes, Marie Laurence Lamy n'est paradoxalement pas un peintre figuratif; elle s'attache plutôt à représenter l'abstrait, l'invisible, l'essence des êtres et des choses, leur intimité. Ellepeint un monde de silence où n'ont pas cours les paroles humaines, un monde immobile juste troublé d'une imperceptible vibration qui court en écho d'une oeuvre à l'autre.

Ses portraits sont peut-être le reflet le plus éclatant de cette sensibilité. Il y a derrière ces visages muets, en gros plan, une suite ininterrompue de questions et de réponses, d'affirmations et de doutes, qui nous renvoient les nôtres, comme un miroir, à tel point d'acuité que le véritable spectateur devient l'oeuvre elle même. Ce glissement naît plus particulièrement de la présence obsédante de ces yeux ouverts ou mi-clos, perdus dans leur propre regard et qui nous poursuivent.

Le laconisme des titres donnés à ses tableaux, " Pommes ", " Profil ", " Larmes ", renforce encore si besoin en était le désintérêt de Marie Laurence Lamy pour l'accessoire, pour tout ce qui peut, par trop de précision, influer la perception. La rencontre avec l'oeuvre se fait par le chemin du coeur.

Marie Laurence Lamy travaille le carton. Ce choix de matière n'est certainement pas innocent. Matériau pauvre par excellence et si fragile, il offre cependant d'immenses possibilités de rendu par sa manière inégale d'absorber la peinture, par le traitement qu'il accepte. Avec lui le support fait partie intégrante de l'oeuvre. Son relief crée les volumes, il se laisse griffer, érafler, ajoutant encore à la dimension émotionnelle.

Chaque oeuvre est un poème, une invitation au rêve, à l'abandon. Marie Laurence Lamy n'impose pas, elle suggère et nous entraîne dans un voyage mélancolique.

Monique Escat conservateur du musée